Par la fenêtre

Sous le pommier de mes voisins, il y a un banc. Je ne l’avais jamais remarqué avant ce soir. Des fruits trop mûrs jonchent le sol alentour parsemant ça et là de jolis camaïeux de jaune. Sous le pommier de mes voisins, l’automne s’installe doucement. Le soleil d’octobre vient encore nous inviter à nous asseoir, à nous arrêter et à prendre le temps. Le temps de regarder la vie. Le temps d’inspirer, de suspendre pour quelques instants les rouages de l’existence.

Il n’y a pas assez de bancs comme celui de mes voisins. Et si je n’avais pas pris le temps de m’arrêter à la fenêtre de la cuisine, je ne l’aurais jamais compris.

Regarder par la fenêtre…

Enfant, je passais des heures à observer ce qu’il se passait depuis ma chambre d’enfant. Les illustrations que m’offraient les nuages, le vol des oiseaux, l’antenne des voisins… Je pourrais redessiner de mémoire et de manière assez fidèle, ce que j’y voyais.

Jusqu’à ce soir, je n’aurais pas pu le faire de ma chère maison bretonne. Celle que j’ai choisie, celle que j’ai chérie.

Aujourd’hui, je me suis mise à regarder par la fenêtre de ma maison d’adulte en appelant à l’aide mon regard d’enfant. De quoi dois-je me rappeler ? Que dessinerai-je lorsque je ne verrai plus ce paysage chaque matin ? Ai-je enregistré suffisamment d’images ? Qu’aimerait garder dans son coeur la jeune moi qui prenait le temps de regarder par la fenêtre de sa chambre ?

Je me suis mise à scruter le paysage pour garder en tête ce qu’il y avait de plus joli ici.

Et de toute évidence, il y a sous le pommier de mes voisins, un banc qui, au moins dans mes pensées, m’invitera de temps en temps à la rêverie.

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