J’ai eu la visite de mes parents ce week end. Je ne sais pas si pour vous c’est pareil, mais une part de moi redevient l’enfant que j’étais lorsque je suis avec mes parents. Je suis en totale régression, j’ai l’impression de devenir la grande sœur cool de mes filles et du coup, je ne fais plus à manger, je ne passe plus l’aspirateur, et je joue au Mémory avec mes « filles-sœurs ». En tant que sœurs, elles sont trop drôles ! C’est pas si mal que ça de faire des cabanes avec les coussins du canapé en fait, maman rangera après.

J’étais donc détendue jusqu’à ce que mon père me parle de mon tatouage.

–          C’est nul les tatouages. Pour toute ta vie t’auras cette espèce de tache noire sur le bras. Combien ça coûte ?

–          Cent…

–          Cent quoi ?

–          Ben euros Papa !

–          Dire qu’avec cette somme, j’peux acheter 5 plaques de BA13..

–          …

Oui, donc, en fait, c’est moi en entier qui redeviens l’enfant que j’étais lorsque mes parents sont dans la place. Ma maman materne et mon Papa paterne, comme toujours. C’est marrant et surtout leur présence incite à la réflexion personnelle. Ils t’ont fabriqué quand même, ils te connaissent et t’aiment, par conséquent, ils questionnent tes choix, et osent te dire qu’ils ne les approuvent pas. Ils osent te dire Non, parce qu’à une époque, ce sont eux qui nous posaient les interdits. Ça ne doit pas être facile de perdre ce rôle auprès de son enfant.  Je me suis donc mise à me demander s’il était toujours légitime pour des parents de trentenaires de suggérer des limites à leurs enfants. J’ai pensé à celles que j’imposais à mes filles j’ai réfléchi à tous ces NON qui ont plus ou moins d’impacts dans la vie. J’ai aussi imaginé que si nos premiers NON viennent de nos parents qui nous aiment, est-ce que tous les NON que l’on nous impose émanent de gens qui veulent notre bien ? Parce qu’un NON, c’est toujours désagréable, mais surtout dans l’immédiat. Une frustration est insoutenable sur le coup, mais après ? On s’habitue…

 

–          Un samedi soir, je ne sais pas ce qui m’a pris mais, j’ai cuisiné un vrai plat. Il y avait une recette avec de jolies photos, j’ai sorti, pesé et analysé les ingrédients et je me suis lancée. J’ai travaillé la présentation en formant des petits pâtés avec le riz. J’ai présenté l’assiette fumante et appétissante aux filles. Elles se sont regardées et elles ont dit non. J’ai détesté ce non. J’y avais mis tout mon cœur bon sang. .. En fait, tous les non qui viennent de nos enfants sont insupportables. Range ta chambre, fais tes devoirs, va te laver… Heureusement il y a une question à laquelle j’ai toujours droit à un OUI : Tu viens me faire un bisou ?

–          Les gestes de tendresse… Les filles, vous vous êtes déjà offerte à un homme qui a osé vous  dire  NON ?  Normalement, l’avantage quand t’es une femme, c’est qu’on ne te dit pas NON. Les spécialistes des migraines c’est nous. Et bien sachez Messieurs, qu’ « aux Brigitte, on ne résiste pas » ! Je rêve. Ils sont capables de dire NON pour des raisons complètement farfelues en plus ;

Je suis en pleine période de réflexion, je ne sais pas trop où on va, laisse-moi du temps (Un homme qui utilise le mot « réflexion » est déjà en train de mentir).

Ma grand-mère est malade. Ca me perturbe, d’autant que mon chien s’est cassé la patte et que là, il y a du vent. ( ??!?)

Ma mère ne veut pas. Quand ça les arrange, l’avis de Maman est important !

J’ai choppé une saleté là, je ne voudrais pas te la refiler (y en a qui disent la vérité).

Je suis devenu gay pendant la nuit. S’il dit ça c’est qu’il est trop bourré, donc oui, il a raison de refuser.

Jamais une veille de Match !

Non, désolé, j’suis marié… C’est bizarre, il y a eu une bonne dizaine d’occasions pour placer cette information entre la rencontre et le moment où on propose un petit plan sympa. Si on a osé proposer c’est bien parce qu’à un moment on s’était dit que c’était possible. Oui, quand il avait mis «  sa main dans ma culotte » par exemple. (Maintenant, on pourra vraiment trouver mon blog en tapant ça sur Google) … Oui, enfin, là, pour comprendre faut être abonné à la page Facebook 😉

 

–          L’autre soir, face à la pile de linge à plier et à la table du ptit dej’ qui était toujours encombrée, j’ai offert un salaire à l’Homme pour qu’il se mette à faire le ménage. Il m’a dit NON. Pourtant je trouvais que c’était plutôt sympa de ma part de proposer du fric. S’il m’en filait j’accepterais immédiatement.

 

–          Mon banquier m’a téléphoné récemment. Je n’avais pas reconnu le numéro, j’ai décroché par erreur…

– Bonjour Mademoiselle.

-Oui ?

-Je viens vers vous pour faire un petit point concernant votre compte en banque. J’aurais aimé savoir si vous le faisiez exprès pour que je vous appelle chaque mois.

– Euh, justement, je voulais vous appeler pour qu’on discute au sujet de mon découvert autorisé. Vous ne pensez pas qu’on pourrait l’agrandir histoire que je paie moins d’agios ? D’ailleurs, je me demandais aussi si vous ne pouviez pas faire quelque chose pour les frais bancaires du mois dernier ?

-Et bien, dans la mesure où sur ce compte, je vois que les derniers débits sont au profit du Majestic (8 fois), de Sephora (3 fois), du Willy’s (Tabac, mille fois), et je passe les restaurants et autres cinémas, je me dis que NON, vous n’avez pas besoin d’agrandir votre découvert autorisé. Mais juste de freiner votre rythme de vie. (Il me juge en plus)

Je déteste qu’on me dise NON ! A partir de maintenant, je sors du cash pour TOUT payer ! Je n’avais pas imaginé que La banque Pop c’était Big Brother.

 

–          Je suis allée faire un remplacement dans une école de Quimper il y a quelques semaines. Quimper, tout le monde le sait, est une ville atroce pour se garer. Mais, comme j’étais très en retard, que des enfants de 3 ans m’attendaient et que vraiment, mon boulot, c’est ma passion, j’ai laissé la 500 sur une place qui avait l’air parfaite et surtout proche de l’école mais plus proche encore d’un horodateur que je n’avais pas vu… Ça n’a pas raté, les mecs en bleu m’ont collé une prune. Dans la mesure où l’éducation Nationale est responsable de ce PV, j’ai suggéré à l’inspection académique de payer l’amende… Ça n’a pas marché, ils m’ont dit NON. Abusé ! On travaille tous pour l’Etat, non ?

 

En fait, toute personne qui nous dit NON le fait parce qu’elle pense avoir un pouvoir sur nous. Les éducateurs (au sens large), les parents (jusqu’à un certain point), les amoureux ( pourtant on avait enfilé un super bustier), les enfants, les chefs, les législateurs et autres moralisateurs, les socio-bien-pensants et leur regard accusateur… Parce que, en effet, la pression sociale est certainement LE premier émetteur de « non » dans la vie de chaque individu ! Réfléchissez un peu, pensez aux dernières choses que vous vous êtes refusés juste parce que ça ne se fait pas…

–          Raccrocher au nez de la nana du service consommation de chez SFR. Avec la délocalisation, elle appelle de je ne sais où, avec un accent à couper au couteau et une fois sur deux, on me demande si mon nom de famille c’est bien « Déchété ». Je réponds d’un timide oui, que c’est bien moi, Mademoiselle Déchété et je l’écoute palabrer, me présenter les nouveaux forfaits et faire l’analyse de ma consommation téléphonique pour m’aider à trouver « un forfait plus adapté qui répond avec plus de souplesse à mon mode de vie ». Cette phrase-là, bizarrement elle la prononce correctement. Et qu’est ce qu’elle en sait de mon mode de vie d’abord ? Elle a juste peur que je me casse chez Free ! Mais je suis une fille bien élevée qui a connu des règles dans sa lointaine enfance, alors, je n’ose pas la contrarier, je dis oui, j’accepte ce nouveau forfait qui baisse ma facture de 50 centimes et je me réengage pour deux longues années pendant lesquelles je ne pourrai pas partir chez Free…

 

–          Lorsque mes filles deviennent à ce point insupportables et que je me visualise en train d’imprimer leur silhouette contre le mur, je me retiens, je m’interdits de le faire. Je ne voudrais pas que les services sociaux débarquent.

 

–          « Tu penses que ce mec est bien pour moi ? » -« Mais oui, il finira par trouver un taf, s’intéresser à ce que tu fais et peut être que pour son strabisme, un bon chirurgien peut faire quelque chose ».

 

–           les joueurs de Cityville, je vais vous faire de la peine, mais je dois déjà endurer vos publications à la con alors NON, je ne veux pas jouer avec vous ! Arrêtez de m’inviter.

 

Je dois bien admettre que la plupart du temps, je suis une sale gosse. Peut-être même qu’il faudrait que je dise OUI et que j’accepte de suivre quelques règles de bienséance. Je me suis alors demandée quelles étaient les vraies règles incontournables qui étaient censées régir la vie de chacun. J’ai repensé à mes années de catéchisme (oui, ça risque de surprendre, mais j’étais une bonne petite catholique entre 8 et 12 ans). Je suis allée chercher sur un site de théologie le détail des 10 commandements, je ne m’en rappelais plus tellement. Ça m’a bien fait rire…

• Premier commandement : Un seul Dieu tu aimeras et adoreras parfaitement.

Euh…

 

• Deuxième commandement : Son saint nom tu respecteras, fuyant blasphème et faux serment.

Mozafuck Wool’ !  Les faux serments je n’en fais jamais, vous vous souvenez, j’ai déjà parlé de mon mépris pour le mensonge. (article qui n’a toujours pas de photo ma Valé 😉 )

 

• troisième commandement : Le jour du Seigneur garderas, en servant Dieu dévotement.

Le jour du Seigneur, c’est le dimanche si je me souviens bien. Le dimanche, c’est le lendemain du samedi. Donc, le jour du Seigneur, je ne sers pas Dieu, je le maudis d’avoir inventé la Vodka Redbull et je prie pour qu’il se mette le Saint Suaire autour de la taille histoire se déguiser en Super Nanny.

 

• Quatrième commandement : Tes père et mère honoreras, tes supérieurs pareillement.

J’honore l’inspecteur de ma présence à chaque réunion de rentrée, c’est bien déjà ! Quant à mes parents, s’ils n’évoquent pas mes mutilations et autres tags corporels, je les aime profondément.

 

• Cinquième commandement : Meurtre et scandale éviteras, haine et colère également.

Pour la haine et la colère, ils avaient vraiment poussé le bouchon un peu trop loin. Faut connaître la fille aux gros seins qui nous fait de l’ombre en boîte pour comprendre. Quant au scandale, j’avoue que si je veux devenir célèbre, il va peut-être falloir que je m’y mette.

 

• Sixième commandement : La pureté observeras, en tes actes soigneusement.

Je nettoie Ducky après presque chaque utilisation, je frôle la pureté totale.

 

• Septième commandement : Le bien d’autrui tu ne prendras, ni retiendras injustement.

Oui, bon, pour les DVD, CD, Bouquins, GPS, Leggings, je vais essayer de faire un effort.

 

• Huitième commandement : La médisance banniras et le mensonge également.

Si ce commandement devait être suivi à la lettre, je devrais immédiatement arrêter d’alimenter ce blog.

 

• Neuvième commandement : En pensées, désirs veilleras à rester pur entièrement.

En pensées ? OK !

 

• Dixième commandement : Bien d’autrui ne convoiteras pour l’avoir malhonnêtement.

Celui-ci ressemble trop au septième, mauvais auteurs ! Fallait faire que neuf commandements franchement. Est-ce que je republie mes anciens articles moi? Vais  peut-être le faire tiens.

 

En y repensant sérieusement, je crois que j’adore qu’il y ait des NON. Les NON sont juste des obstacles à franchir pour atteindre nos objectifs. « A vaincre sans péril on triomphe sans gloire ». A chaque fois que je transgresse une règle plus ou moins établie, je ressens un petit coup d’adrénaline dans les veines. Et puis, si on n’entendait que des OUI ce serait trop facile et donc nettement moins piquant. Quel plaisir de prendre une route en sens interdit, d’aimer quelqu’un qu’on  ne devrait pas ou de piquer des bonbons à l’épicerie…« On m’a trop donné bien avant l’envie ». Continuez à me dire NON, ou faites semblant de le dire en tout cas. Tous vos OUI seront délicieux ensuite parce que j’aurais le sentiment de les avoir mérités.