L’autre soir, après avoir passé une journée au milieu des cris de mes élèves, j’avais plus que tout autre jour, hâte de retrouver la quiétude de mon foyer… Sauf que, je ne suis pas qu’instit’. Non, je suis aussi une MAMAN ! Mais entre l’école et la maison, au volant de ma 500 adorée, j’avais omis ce détail. Je m’imaginais déjà dans un bon bain chaud, avec mon dernier vogue fraîchement arrivé dans la boîte aux lettres. J’avais l’intention de me détendre. Et là… j’ai ouvert la porte de l’Enfer. Dans l’antre qui me sert de demeure, vivent deux affreux démons. Mes filles disent des gros mots, se moquent de moi, crient au lieu de parler, étalent leur nourriture sur les murs, oublient que le grand cercle en émail avec de l’eau au milieu sert à faire ce que, nous, les grands, on fait, elles se collent des chewing gums dans les cheveux et parsèment mon salon d’un tas de petits objets ridicules qui font mal aux pieds quand on marche dessus.
Oui, mon modèle en tant que maman, c’est Lynette Scavo. Le problème, c’est que j’ai les enfants de Gabrielle Solis…
Personnellement, je n’y suis pour rien du tout. Je m’y connais en éducation, j’ai étudié des heures les plus grands philosophes de la question . Rousseau, Meirieu, Freinet, Arendt sont mes maîtres à penser. Je sais ABSOLUMENT TOUT sur ce qu’il faut faire pour être un as dans l’élevage de masse…
Et comme je suis d’une nature plutôt généreuse, je veux bien partager mon savoir avec vous.
Certaines femmes sont mamans bien avant d’avoir conçu leur premier bébé. C’est dans leur nature, elles sont douces et patientes. Le jour où elles tombent enceintes ne fait que confirmer ce fait. Elles achètent, voire tricotent, de la layette, font de l’haptonomie pour entrer en contact avec leur merveille, mangent équilibré et restent magnifiques pendant TOUTE la grossesse. Le jour où l’enfant arrive, elles ont le geste sûr et trouvent leur bébé instantanément beau. Se lever la nuit ne leur pose aucun problème et elles trouvent encore le temps de s’occuper du bienheureux papa qui considère que devenir parent, c’est fastoche ! (Tu m’étonnes , fainéant !)
Cela dit, si vous n’êtes pas naturellement comme ces femmes-là, ce n’est pas perdu. Voici un petit kit de survie à l’usage des mamans débordées mais néanmoins aimantes que nous sommes.
1- Savoir communiquer
Devenir parent c’est entrer dans une grande secte faite de pédiatres, de puéricultrices, d’enseignants et autres entraîneurs de foot ou profs de judo… Ca en fait des gens avec lesquels il faut essayer de s’entendre. En règle général, j’aime bien faire croire que je suis sympa et que je comprends la fonction de chacun mais…
A l’école, y a des instits. Et, je déteste les instits, tous les profs en général d’ailleurs. Ils te demandent des sous, t’obligent à signer tous les soirs le cahier de texte, s’indignent lorsque tu refuses de vendre des tickets de tombola, te reprochent d’avoir laissé ton enfant aller à la piscine sans maillot de bains… Et quand tu veux bien faire, que tu apportes un gâteau d’anniversaire, ils te disent qu’il y a des élèves allergiques au chocolat dans cette classe et que si j’avais lu le mot au début de l’année je saurais que les gouters ça fait des enfants obèses et que les pauvres ils ne ramènent rien, donc par soucis d’équité, personne ne doit fêter son anniversaire. Bref, je déteste l’école.
2- Savoir déléguer
Que celle qui n’a jamais voulu donner ses enfants me jette la première couche-culotte ! Seulement voilà, on ne donne pas ses enfants, c’est mal vu. En revanche, on a tout à fait le droit de les prêter de gré ou de force aux gens de bonne volonté. Ou au moins à ceux qui sont trop polis pour te dire non.
A l’heure de l’égalité des sexes il faut admettre que les papas sont de supers mamans. Flattez-les sans relâche et ils continueront à faire les courses, baigner les enfants, les emmener à la piscine et trouver deux chaussettes pareilles .
Je découvre également depuis quelques temps l’immense joie d’avoir deux enfants. Dans une fratrie, il y a forcément un aîné. Un aîné sait faire des choses. Alors promettez-lui un pet-shop et il acceptera de :
-trouver l’âne en peluche qui pue
-mettre le pyjama du petit
-vider le lave-vaisselle
-ranger les minuscules jouets du salon
-lire une histoire etc.
En plus, c’est un bon principe d’éducation. On dit que l’enfant doit être autonome. Les miens le deviennent très vite !
Enfin si vraiment, on ne trouve personne et qu’on est au bord de la crise de nerfs, une personne que tu croises dans la rue peut très bien faire l’affaire. On ne fait pas suffisamment confiance aux inconnus de nos jours.
3- Acheter de la nourriture
Le frigo ne se remplit malheureusement pas tout seul. Vous vous souvenez de l’époque bénie où tant qu’il y avait de la bière, on avait tout ? Les enfants boivent du lait, beaucoup de lait. Ils mangent des yaourts, beaucoup aussi. Ils doivent avoir des lipides (pas trop) des protides et… et quoi déjà ? De toute façon, il suffit de les inscrire à la cantine. Au moins, vous serez sûrs qu’ils ont eu un repas équilibré 4 fois par semaine. Et puis, le petit-dej du soir, c’est bien aussi, c’est ludique.
4- Devenir psychologue
Devenir psychologue en matière d’éducation se résume à :
– Ne pas se moquer des enfants. Et ce, même s’ils sont ridicules dans un tas de circonstances :
Quand ils courent et… chutent.
Quand ils chutent alors qu’ils ne couraient même pas.
Quand ils ont de la morve étalée sur le visage.
Quand ils caressent une espèce d’âne en peluche qui pue tout en se suçant le pouce. RI-DI-CU-LE !
– Tous les aimer autant, et pas juste le petit dernier parce qu’il est petit. Je sais bien que les chiots sont plus mignons que les grands chiens, et que, souvent, au bout de quelques mois, notre petit labrador si chou va devenir un monstre. Souvenez-vous de ces campagnes de pub ; on n’abandonne pas son chien parce qu’il est devenu trop grand, pour les enfants, c’est pareil. A la limite, un petit tour au chenil de temps en temps, mais pas plus !
5- Faire attention à ce qu’on dit
Sur la forme
Je vous ai déjà prévenus. Les gros mots, ils ne doivent pas les apprendre de vous. Si votre enfant de trois ans vous demande pour la 18ème fois si dans sa coupelle c’est de la mousse au chocolat, ne lui dites pas « non, c’est de la merde ». Ca ne se fait pas. En plus si ça se trouve, il répète peut être juste « mousse au chocolat » parce qu’il est content de savoir le dire… Le « ta gueule » est aussi très mal venu. Vous avez le droit de le penser, mais juste de le penser.
Enfin, si la grande vous demande où se trouve son legging pour la danse, rappelez-vous qu’elle n’a que 7 ans, un « dans ton cul » va la faire rire, mais va aussi vous ôter tout crédit le jour où vous l’entendrez jurer.
ET sur le fond
Les enfants comprennent beaucoup plus de choses que ce que l’on croit. Une mère avertie en vaut deux ! Pendant fort longtemps et jusqu’il y a peu, lors de mes soirées copines, je considérais la présence de mes filles comme tout à fait logique et non gênante. Elles pouvaient faire de la peinture à la table où l’on prenait l’apéro. Je me disais, elles sont si petites et innocentes, elles ne peuvent pas imaginer que l’on parle de choses aussi improbables que les règles, les cuites, le sexe… J’avais même expliqué à la grande que le canard rose dans ma chambre était un objet qui sert à masser le cou des grandes filles. Mais quand j’ai découvert que sur son journal intime elle avait écrit le mot « splif », j’ai décidé de toujours les coucher avant de discuter et d’arrêter d’écouter IAM en leur présence.
6- Devenir Philosophe
Ce précepte tombe sous le sens…
A vrai dire, si vous faites au moins une de ces choses correctement, je pense que vous frôlez la perfection. En ce qui me concerne, j’ai du boulot… La semaine dernière, assise dans ma voiture, j’observais une maman que je connais. C’est une femme magnifique, naturelle, élégante. Elle est douce et attentive, elle va se promener avec ses enfants en vélo, elle a évidemment une vie active et trouve le temps de faire du sport. Vous voyez le tableau ? Elle était là, devant sa maison, en train de jardiner avec ses deux derniers, des enfants tout droit sortis d’une pub Jacady. J’attendais dans ma voiture je portais mes lunettes de soleil pour cacher les excès de la veille. J’ai jeté un coup d’œil dans le rétro, ma petite dernière à moi chantonnait. Elle avait du chocolat sur le front et elle vidait mon sac à main… Je me suis dit qu’elle n’avait pas l’air d’être malheureuse, que je ne me débrouillais pas trop mal. Elle m’a souri et s’est mise du rouge à lèvres… Le fruit est tombé tout près de l’arbre.