L’autre soir, après un week end de dissertations féminines, je me suis dit que vraiment, il n’y avait que le sexe pour mettre en contact les hommes et les femmes. Et comme ça m’arrive souvent, j’ai envoyé ma réflexion dans l’infini, enfin sur facebook. Parce que l’infini ne nous répond jamais, alors que sur Facebook, tu trouveras toujours quelqu’un pour réfléchir avec toi. Et justement un de mes contacts a répondu, ironiquement, qu’il n’y avait pas que le sexe pour ça, mais qu’il y avait aussi Facebook. En réalité, il a surtout modifié la façon qu’on a de rentrer en contact, et il a aussi élargi l’éventail de nos connaissances. Des copains du CM2 aux rencontres de soirées en passant par les collègues, on y découvre ou redécouvre des personnalités diverses. Mais, en me penchant sur mon propre rapport à facebook et sur la façon dont j’y travaille mon image, je me demande si nos « amis » sont vraiment ce qu’ils paraissent être et si, de ce fait, on rentre réellement en contact grâce à cet endroit-là.
Au premier abord, lorsqu’on regarde un profil on repère quelques trucs assez rapidement :
– La photo de profil
La photo est très importante. Il y a ceux qui, comme moi, en changent régulièrement et la choisissent toujours avec précaution. Les gens qui m’ont déjà vue au réveil (et ils sont nombreux) savent très bien que je trie mes photos avant de les publier ! ET non, je casse un mythe, je ne suis pas toujours aussi belle que ça en vrai. : ) Mais bien sûr, vous ne verrez pas parce que j’impose mon droit à l’image, vous êtes prévenus, toute photo de ma personne nécessite mon accord avant publication !
Bon, tout le monde n’est pas aussi narcissique et dépourvu d’autodérision. Mais par pitié, les photos Webcam, non ! Toujours mal cadrée, floue, avec le tube de l’aspirateur qui dépasse derrière… Téléchargez plutôt l’image d’un singe qui montre ses fesses, ça au moins c’est marrant.
– Les statuts
Leur fréquence est un bon indicateur du degré de dépendance du sujet. ( oui je sais, c’est pathologique chez moi). Mais plus encore que la fréquence, c’est le contenu qui est intéressant.
-Il y a ceux qui parlent de leurs enfants « Mon choupinet d’amour que j’aime a percé sa première dent à 2h30 cette nuit, je suis trop fatiguée, mais en même temps si émue . », ou pire ceux qui parlent de ce qu’ils ont cuisiné pour ce soir et qui, en plus, ajoute un « MIAM ». D’ailleurs, arrêtez de cliquer sur « j’aime » lorsque vous lisez, « ce soir macaronis au gruyère, huummmm » A moins que ce ne soit une private joke, là je m’incline.
– Les commentateurs du programme télé, sachez que si les gens vont sur facebook le soir, c’est parce qu’ils veulent éviter de regarder Loft story ou le match de foot. Donc, pas la peine de nous en parler ! Vous vous êtes reconnus ? J’en suis désolée, je suis pas toujours très gentille. En fait, quand j’y songe, toutes les catégories peuvent être agaçantes…
La maman émerveillée.
J’en ai parlé plus haut. Parfois c’est drôle, parce que, oui, les enfants ont cette capacité à faire rire. Et il n’y aucune honte de se moquer d’un gosse qui tombe ! Mais quand la maman émerveillée laisse la place à la maman exténuée qui veut les vendre, en réalité, elle s’accommodera d’une location. N’hésitez pas à lui venir en aide et à commenter « Je te les prends pour le week end si tu veux ». Comme ça, pendant ces deux jours de répit, elle va sûrement bouquiner, se faire les ongles, aller en boîte et peut être même avoir des relations sexuelles. Je vous promets qu’ensuite, ses statuts seront nettement plus marrants !
Le mec qui veut voir des potes, n’importe lesquels
Je me demande comment certains faisaient pour voir les gens avant d’appartenir au réseau. « Que faire cet aprem ? » « On se retrouve où ce soir et qui est motivé pour être Sam ? » . Personne n’est JAMAIS motivé pour être Sam ! L’avantage c’est que le lourd qui n’a pas d’amis va lire ce message aussi et qu’il acceptera de conduire pour être sûr d’être sorti de chez lui samedi soir.
La fille qui est en mal d’amour
Il y a celle qui ne fait que regarder et qui se fait du mal. A la limite, celle-là, on ne sait même pas trop qu’elle est en mal d’amour. Facebook n’a, pour elle, qu’un caractère informatif. Mais, celle qu’on voit, on la voit BIEN ! En fait, si on est assidu, ses statuts nous permettent relativement facilement de savoir à quelle étape de son chagrin d’amour elle est. Petit enchaînement de statuts possibles :
« Il m’a brisé le cœur, ça y est, c’est fini pour toujours, je suis malheureuse ». Il arrive qu’elle y ajoute un lien, pour être sûr qu’on a bien compris. En ce moment c’est plutôt Adele (vous vous êtes concertés pour ça les filles ? Au moins 6 Someone like you cette semaine !), mais y 15 ans ç’aurait surement été Céline Dion…
« Ne me quitte pas, il faut oublier, tout peut s’oublier… » Oui, parfois, elle choisit juste, très subtilement, des paroles de chansons.
« Ton indifférence ne me touche pas, je peux très bien me passer de toi », les paroles de chanson, c’est vraiment bien, parce qu’on peut faire semblant qu’on aime juste la chanson et qu’il n’y AUCUN message caché derrière.
« Connard, PD, enfoiré, ptite b, laaaaaaaâche », parce qu’elle est à l’étape 3.
« Doliprane, please ». (no comment, faut avoir lu l’article précédent pour comprendre)
Et puis un jour, elle publie un truc qui n’a rien à voir avec son mal-être. Le sketch FRI de BIH de Hu par exemple. Cool, elle s’est enfin remise. Mais au fond de toi, tu te demanderas toujours si elle n’essaie pas juste de faire rire l’enfoiré qui lui avait brisé le cœur…
La nana qui a besoin de parler et qui nous souhaite bonne nuit tous les soirs.
C’est super chou, mais on n’est pas obligé de répondre, si ?
Les fêtards
Alors ceux-là, ils ne publient que du vendredi après-midi au lundi matin. On les a déjà un peu évoqués plus haut.
- Ils s’organisent, ce qui signifie qu’ils cherchent le boulet qui servira de chauffeur
- Ils se ravitaillent.
- Ils te disent qu’ils sont prêts. « Ce soir Fiestaaaaaaaa » .
- Ils publient des photos. D’ailleurs, eux, ils ne mettent aucun droit de Véto. Il semblerait que les photos sur lesquelles tu vomis soient avantageuses. Ça prouve que t’as vraiment trop fait la fête.
- Ils balancent des blagues entre eux, que si t’étais pas à la soirée, ben tu comprends pas. D’ailleurs quand tu commentes, personne ne rebondit sur ce que tu as écrit, parce que « tais-toi, t’étais pas là ». Mozafucking New Jersey !
L’ado qui ne veut pas aller en cours
« Trooop relouuuuu, 2 heur de math pr comencé la journ’. Sa serre a rien le bahu ». Euh, ouais, vous n’avez peut- être pas d’ados dans vos contacts. La chance !
Le sportif qui parle performances
J’avoue, le jour où j’ai couru 5 km dans une vraie course organisée, j’ai publié une photo. En revanche, je n’ai rien écrit sur mes performances. .. Mais, il y a de vrais sportifs sur Facebook, j’éprouve un profond respect pour eux.
L’artiste qui fait sa promo
S’il y a bien un endroit où il faut le faire, c’est là. Je suis persuadée que ça marche mieux que les pubs de la télé (Allez-y, citez-moi UNE pub qui passe en ce moment ? Celle du gars qui jette son emballage de Mars devant le couvent ne compte pas, parce qu’elle est vieille). En revanche, il faut avoir le sens de la formule, travailler sa communication, ça demande un sens aigu de l’utilisation des mots. Et surtout, mentez un peu ! Lorsque j’écris que je danse à Nantes (grande ville, donc la classe), je danse sûrement à Saffré (petit bled à côté que personne ne connaît, donc pas la classe). De toute façon, il n’y a que ceux qui veulent vraiment venir te voir qui sauront que ton show tu le faisais pour une soirée des anciens et qu’ils étaient 8 dans la cantine municipale.
Le passionné de voyages
Cette année, grâce à vous, je suis allée à Cuba, en Espagne, à Londres, en Australie…. Merci !
Le mateur
Que les hommes ne s’offusquent pas, il y a aussi des mateuses. J’ai même tendance à croire que facebook est plutôt féminin, mais je me trompe peut-être. Cela dit, quand je parle des mateurs, je ne pense pas aux vicelards qui ne commentent que les photos de nanas en maillot de bain, non, je pense à ceux qui n’ont pas accroché avec la dernière saison de Dexter et qui ne savent pas quoi faire le soir avant de dormir. Pour le mateur, t’es juste un personnage de soap. T’oublies qu’il fréquente le site et quand il te croise et te pose des questions sur ta virée à Ouessant, tu te demandes si ce gars-là ne fait partie du FBI.
Les ponctuels
Un jour, tu te connectes et, sur la page d’accueil, tu lis le post d’un de tes nombreux « amis ». Son envoi précédent datait du 14 septembre 2010. Et là, tu te dis : « Ah, cool, il n’est pas mort »… Oui, pendant tout ce temps où tu étais derrière un écran, lui il vivait sa vie.
Je crois qu’il est arrivé que Facebook me fasse peur. Je ne sais même plus comment était ma vie avant, et pourtant elle était bien.
Il y a quelques mois, après avoir dépassé les limites de la pudeur, sur un coup de tête, j’ai désactivé mon compte. Je pensais qu’il fallait que j’arrête d’incarner tous ces personnages les uns après les autres. Comment guérir de ce besoin de mise en scène si ce n’est qu’en quittant la scène. Et si vivre caché était vraiment la solution pour vivre heureux ?
Il faut que vous sachiez que quitter Facebook est extrêmement difficile. On te demande plusieurs fois si vraiment tu es sûr de ce que tu fais. « VOUS ETES SUR LE POINT DE DESACTIVER VOTRE COMPTE ET DONC D’EFFECTUER UN CYBER SUICIDE, AVEZ-VOUS BIEN REFLECHI AVANT ????? »
J’avoue qu’un profond doute s’installe alors. Mais, oui, en suis-je sûre ? Je ne serai plus jamais invitée aux soirées, je ne verrai plus les photos de voyages de ceux qui voyagent, je ne pourrai plus espionner le gars qui était moche en 4ème et qui est trop sexy maintenant…. Vous voyez, pas facile quand même comme choix ! Mais, comme j’étais sûre de moi et pleine de volonté, j’ai cliqué sur « OUI, JE SUIS SURE DE VOULOIR ESSAYER DE VIVRE MA VIE PLUTOT QUE D’EN PARLER ».
……
J’ai tenu 36 heures…
Et figurez-vous que revenir sur Facebook, c’est hyper simple. Tu tapes ton adresse mail puis ton mot de passe (tu ne les as pas oubliés vu que ton départ date d’avant-hier) et voilà ! « NOUS SOMMES CONTENTS DE VOTRE RETOUR SUR NOTRE RESEAU, PAR CONTRE VOS AMIS VONT SE FOUTRE DE VOUS ».
A ce moment-là, mine de rien, tu as des tas de choses à lire parce que deux jours sans mater, t’avais jamais fait avant !
Quel bonheur de remplir le champ « exprimez-vous ». Consciente que ton public va jeter un coup d’œil sur le statut de la Diva qui fait semblant de partir, tu choisis de mettre : « Moi je veux mourir sur scène, devant les projecteurs » ! Facebook, c’est un « plus belle la vie » dont les acteurs sont tes amis. Oui, certains épisodes sont un peu lourds et il y a des personnages moins attirants que d’autres, mais vu qu’à la télé, il n’y a plus rien, cliquons !
Une dernière chose : vous avez intérêt à aimer mon lien !