Tout vient à point…

Savez-vous que les bretons disent « j’ai hâte à demain », avoir hâte à…  Ca me choque. Mais ce qui me choque  le plus, c’est de constater que tout le monde est toujours pressé d’être à un autre moment que maintenant.  Les profs sont toujours pressés d’être en vacances (les autres aussi, mais les profs c’est pire). Les enfants attendent le prochain Noël  alors qu’on vient juste de virer le sapin. Les adultes attendent l’été, juste après avoir viré le dit sapin. On a l’impression que les soldes n’arriveront jamais, que notre salaire ne revient qu’un mois sur deux, que le bébé de la table d’à côté,  il ne s’arrêtera jamais de pleurer… Le temps fait ce qu’il veut de nous, alors que ça devrait être le contraire.

 

Je me suis dit que pour éviter d’attendre, il fallait que je vire  tout un tas de choses dans ma vie.

A commencer par les enfants.

Les mignons petits enfants… A peine conçus, ils te font attendre neuf mois. Je crois bien que la grossesse c’est une des pires attentes de la vie d’une femme. Une fois qu’on est enceinte, le compte à rebours est insoutenable. Enfin, pas au début. Tant qu’on compte en semaines, ça va, on sait, ça va durer. Mais à partir du moment où tu dis que t’en es au troisième mois,  juste pour ne pas dire que tu es enceinte de deux mois, tu te mens à toi-même… Bizarrement le jour de mes 29 ans, je n’ai absolument pas songé à dire que je rentrais dans ma trentième année…

Ensuite tu attends pendant l’accouchement. Celles qui ont pondu leurs mômes en moins de trois heures, je les déteste. Non seulement t’attends, mais en plus, t’as mal, tu ne ressembles à rien, et plein d’inconnus en blouse rose en sont témoins. Ahhh ! Accoucher… J’adore ça !

Pendant toute ta vie de maman (tout ce qui vient après l’accouchement en fait et jusque toute la vie) tu passes ton temps à attendre :

– Qu’il fasse ses nuits

-Qu’il mange de la vraie nourriture

-qu’il dise un truc, même un mot qui ressemble vaguement à « power » (ils parlent anglais avant de commencer le français en général)

-qu’il marche (et après tu regrettes)

-qu’il aille à l’école, pour que quelqu’un de plus qualifié prenne le relai

-qu’il sache enfin pour le père-Noël, comme ça, on n’aura plus à planquer des paquets dans le dressing

-qu’il soit en âge de gérer le plus petit. Parce qu’entre temps, t’as oublié pour l’accouchement, du coup t’en as refait un, mais t’avais pas bien réfléchi.

-qu’il soit ado et que tu puisses le laisser sortir et redécouvrir le bonheur de glander chez toi, seule.

Ensuite je me suis dit que, non définitivement, on ne supprime pas ses enfants. Et que toutes les choses qui nous font attendre sont  inévitables. On est condamnés à attendre…

  • chez le médecin

Au milieu des gens plein de microbes immondes et de vieux qui sentent le vieux. Plus généralement, on attend, partout où il y a des salles d’attente. D’où leur nom, c’est vrai. Mais à l’heure d’internet, franchement, c’est moins pénible qu’avant. Le BlackBerry, les amis…

  • au supermarché

Parce que je ne sais pas pourquoi, mais je suis toujours à la mauvaise caisse, celle de la caissière mal dégourdie, du couple de vieux qui a oublié de peser ses fruits, de la mère de famille et ses trois monstres qui ont deux chariots, du couple d’amoureux qui se lèchent le museau… Donc, là, non seulement j’attends, mais en plus, j’observe tous ces gens que je ne veux pas être. En général, dans ces cas-là, je fais une étude comparative des chewing-gums. Et je finis toujours par acheter les mêmes parce que le paquet est plus joli.

  • à la maison

Souvent chez moi, j’attends. Je ne sais pas trop quoi, mais j’attends. J’attends avant de ranger le salon, j’attends aussi pour mettre en marche le lave-vaisselle et j’attends avant de plier mon linge. Oui, parce qu’à la maison, je n’attends pas pour faire des câlins à mes filles, recevoir mes amis, prendre mon PC. La vie est une question de priorités.

  • A la salle de sport

J’attends de voir le résultat de mes efforts. Je m’observe dans le miroir, souvent mais non, le gras ne part pas. Alors dans ce cas, j’arrête d’attendre devant la glace et commence à courir.

  • Derrière mon BlackBerry

Le problème des téléphones actuels, c’est qu’ils affichent les SMS dans des bulles et que tu peux suivre la conversation. Depuis le BB, je considère que lorsque j’envoie un SMS, je débute un chat. Autrement dit, j’attends de l’instantané. Ma réponse, je la veux tout de suite peu importe que vous soyez en réunion, que votre bébé soit dans son bain, que vous soyez déjà en ligne ou que vous dormiez.

  • Devant mon sapin

Oui, la magie de Noël opère toujours sur moi. J’adore la période de l’avent, les lumières, le shopping, les odeurs de marrons grillés dans les rues de Brest, les kilos de chocolat, la perspective de recevoir des cadeaux et surtout de voir la joie dans les yeux de tes enfants en recevant les leurs… Ce qu’il y a de bien dans les fêtes, c’est les quinze jours qui précèdent. Profitez-en les amis, on y arrive !

  • Sur les sites de streaming (après lecture de ce paragraphe, certains vont avoir envie de me frapper)

C’est génial de pouvoir suivre en même temps que les américains, les séries qui parlent des américains. Pour l’instant dans Desperate, Lynette n’est toujours pas retournée avec Tom et il y a peu de chances pour que ça arrive, les quatre copines risquent de finir en prison et la fille de Bree vend des balançoires sexuelles… Ah, zut, vous êtes encore à la saison 7 ? Pourquoi avoir attendu ? En fait là, je suis super nerveuse car le prochain épisode ne sera diffusé qu’en janvier, alors je voulais embêter aussi les autres.

  • Sur adopte un mec

Lorsque je me suis inscrite sur « Adopte un mec », en moins d’une heure, il y avait potentiellement 18 mecs amoureux de moi. Ça a été très vite au début… Une fois que t’as viré tous les produits périmés du site, et ben, t’attends… Mais je vous en reparlerai en détails, ne vous inquiétez pas. 😉

  • Sur Facebook

Oui, je me creuse la tête pour certains statuts. Alors quand j’en rédige un drôle et qu’au bout de trois minutes je n’ai aucun « j’aime », je suis tentée de virer le statut en question. Si vous me faites attendre avant de réagir, je suis prise d’une affreuse crise de doutes existentiels. Oh, mon Dieu, je ne suis pas si géniale que ça…

Si je mets en lien, une vidéo et que vous vous sentez concernés, c’est que vous l’êtes sûrement. A bon entendeur…

  • Devant mon écran

Vous l’avez sûrement constaté la semaine dernière… Je n’ai rien écrit. Haaaan ! Oui, ben, je ne suis pas un robot. Pour que je vous raconte des trucs drôles, il faut qu’il s’en passe des trucs. En fait, depuis que j’ai commencé ce blog, je redoute le moment où je n’aurais plus rien à dire. Je crois que je commence à saisir ce qu’est « l’angoisse de la page blanche ». Bref, j’ai attendu que me vienne l’inspiration…

  • Sur le parking où on m’a donné rdv

Je ne sais pas pourquoi, mais AUCUN de mes amis n’est ponctuel. Sachez que ça m’énerve profondément de vous attendre : devant chez vous, dans cette ruelle face à la mer (ce n’est pas parce que le lieu est chouette que je n’ai que ça à faire), au rayon chaussures parce que je dois aider à choisir des escarpins en daim rouge … Lorsque vous êtes encore dans votre salle de bain avec une seule chaussette, les cheveux mouillés et la brosse à dents dans la bouche, n’envoyez pas de « j’arriiiiiiv ». On dit « j’arrive » quand on arrive et de préférence à l’heure prévue.

  • Dans les toilettes

Quand je sens que je vais vomir, mais je ne suis pas sûre, je préfère ne pas prendre de risques, le tapis du salon est blanc. Alors j’attends que ça vienne, à genoux, ridicule et parfois bourrée, parce que le coup des doigts au fond de la gorge, je n’ai  jamais pu…

  • Dans ma cuisine

Avec mes copines, on attend qu’il soit l’heure d’aller en boîte. Parfois, on irait bien danser, là, maintenant à 21h. L’apéro a commencé intensivement il y a deux heures et si on ne part pas tout de suite, on ne pourra plus conduire jusque là-bas. Pourquoi on ne va pas en boîte vers 22h, franchement ? On rentrerait vers quatre heures au lieu de six et le lendemain on n’aurait pas besoin d’attendre l’heure de la sieste, on serait en forme !

  • Devant la porte de la boîte de nuit

En plus, une fois qu’on y est, on risque d’attendre le bon vouloir du videur. Alors, on fait la queue, au mois de décembre, à une heure du matin, en débardeur parce que on ne voulait pas payer de vestiaire… Du coup lundi, on sera obligé d’aller attendre chez le médecin, puis à la pharmacie et enfin au lit jusqu’à ce que cette foutue fièvre s’en aille tranquillement.

  • Dans la queue du cinéma

Ça ne m’arrive pas souvent d’attendre au cinéma, mais dernièrement, j’ai fait comme vous ; je suis allée voir INTOUCHABLES…  Cela dit, le film méritait qu’on attende un peu. On veut bien attendre si et seulement si ça en vaut la peine.

  • Dans la rue

Récemment, nous avons fêté Halloween entre amis. On est allé en boîte. C’était très bien, sauf que personne ne pouvant conduire, on a appelé un taxi. Non, on a appelé 27 fois le seul et unique taxi qui bossait ce matin-là. Quimper est très mal équipé en taxis, il faut le savoir.

  • Devant l’horloge

J’attends qu’il soit au moins 19h45 pour coucher les filles. Parfois, il est à peine 17h30 et je me dis qu’elles vont être fatiguées pour l’école si elles se couchent trop tard et surtout, je ne finirais jamais cet article si elles restent traîner dans mes pattes.

  • Dans ma tête

Dans ma tête j’attends souvent. Je réfléchis, même si certains disent le contraire. Avant de prendre des décisions j’attends. J’attends parce que la précipitation entraîne des erreurs. Alors oui, ce n’est pas facile, on a l’impression de faire du sur-place quand ça arrive. Mais il y a des choses irréversibles, il ne faut pas faire n’importe quoi. Je réfléchis longuement aux vêtements que je vais porter par exemple.

  • Dans mon cœur

C’est pareil que dans la tête. D’ailleurs, chez une femme, les deux sont étroitement liés. Et oui, les filles, on attend avant de

  • le rencontrer enfin
  • lui avouer qu’on l’aime
  • envisager de vivre ensemble
  • décider de repeupler la Terre
  • de voir ses défauts
  • de voir que les qualités compensent largement
  • de se dire certaines choses

Pourquoi on attend ? Je pense qu’on n’a pas le choix. On attend, parce qu’il y a des étapes à franchir. On attend parce que l’autre attend aussi. On attend parce que c’est sérieux là, comme sujet.

A la maison, j’ai une petite fille de sept ans qui, un matin m’a demandé un calendrier de l’avent et qui le soir même me demandait tristement, si c’était vrai que le Père Noël n’existait pas. Je ne suis pas si pressée que ça qu’elle le sache finalement. Je me suis demandé si je devais lui dire la vérité. Mais si je lui dis, le calendrier va perdre de sa magie. Un calendrier de l’avent ! Mais quelle invention extraordinaire. C’est comme compter les dodos avant les départs en vacances, ça aide à supporter l’attente, à condition de connaître la date butoir. Alors moi, personnellement, je veux bien que vous me fassiez attendre, médecins, amis, amoureux, caissières, enfants, vieux, mais dites- moi quand cessera l’attente, que je puisse savoir comment gérer ce temps qui reste. Car « rien n’est plus délicieux que l’attente de ce qui paraît inéluctable ». Et n’oubliez-pas que demain est le premier jour du reste de votre vie, faites-en bon usage…

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