Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours détesté me disputer avec les gens qui m’entourent. Et pourtant ces derniers jours, j’ai l’impression d’avoir signé un contrat avec la moitié d’entre eux… Jusqu’il y a peu, lorsque je me fâchais avec quelqu’un, j’étais d’une extrême arrogance et je considérais que je n’avais pas la plus petite once de responsabilité. Mon comportement était absolument normal et si ça clachait, ce n’était pas vraiment ma faute. J’ai toujours éprouvé énormément de difficulté à admettre mes erreurs. Cela dit, je suppose que c’est un phénomène universel, enfin,j’espère ! Mais aujourd’hui, face à cette coalition, je commence à me poser de vraies questions de grands. Et si, en ce moment, j’étais en plein craquage total ? Est-ce que je ne pousserais pas le bouchon un petit peu trop loin ? C’est vrai, je dois bien l’avouer, il me semble que parfois je déraille. Mais c’est vraiment dur de se le dire. Et en plus, je ne suis censée écrire que des choses drôles, alors, je ne vois pas pourquoi d’un coup d’un seul je ferais de vous mes psys. Cela dit, comme vous êtes des pipelettes et que vous vous livrez assez facilement, je connais également vos erreurs à vous, ou, en tout cas, ce que vous considérez comme tel. Heureusement que vous êtes là quand même, parce que les miennes sont dérisoires. Si je ne m’étais basée que sur ma propre expérience on aurait vite fait le tour.
– Bac scientifique : erreur ! Mais, j’ai fait de mal à personne, enfin si, peut être parfois à mon prof de maths. Il vivait Maths, pensait Maths, riait Maths et… sentait Maths. Quelle horreur ! Il avait des cheveux longs alors qu’il était chauve sur le dessus. C’est bizarre hein ? Mais il était vraiment passionné, et n’a malheureusement jamais réussi à me transmettre ça. Aujourd’hui, je sais complètement ce qu’un enseignant ressent lorsqu’il est en échec pédagogique. Je suis vraiment désolée Monsieur (j’ai presque envie de citer son nom de famille, tellement je m’en souviens !).
– Bon oui, il y a eu un mec ou deux. J’aurais pu faire mieux parce que là pour le coup il :
avait décidé que faire des études, ça ne servait à rien. Alors du coup, quand tout le monde en faisait, dont moi, et bien lui, il n’en faisait pas. Pas d’intérêt, je trouverai du travail quand même. Ah ? (Mais je crois qu’au final il bosse, comme quoi…)
ou moi j’écoutais les chansons de mes oncles, Higelin et Thieffaine en tête et, lui, il était fan de 2 Pac ?!?
Si ça se trouve, c’était le même mec, je sais plus…Tout ça pour dire que si on ne s’en souvient plus, c’est comme si ça n’avait pas existé donc ce ne sont pas des erreurs.
– La cuite, la veille du permis de conduire. Mauvaise idée, erreur. Ok, j’avoue. Je plaide coupable, je suis vraiment désolée pour le fric que ça a coûté à mon grand-père ! (du coup il n’a pas payé ma 500)
– Ecouter les mauvaises personnes. Mais ça, y a qu’en les écoutant un peu qu’on peut savoir. Il faut prendre des risques humains dans la vie.
– Ernest, je suis vraiment désolée de t’avoir adopté. Je suis désolée d’oublier de te donner à manger des fois et je suis désolée de pas aimer quand tu me baves dessus.
– La frange… Erreur ! Mais les cheveux repoussent vite. La dernière fois, avec Lulu (qui entre autres choses me coiffe), je voulais faire quelque chose qui change sans me changer. J’ai choisi la frange. Au pire, je mets une barrette, comme la fleur dans les cheveux de Sophie et ensuite, j’attends que ça pousse. Mais le problème avec la frange, c’est que soit vous aurez l’air d’une petite fille de 6 ans, soit d’une danseuse du Crazy Horse. Et le résultat en ce qui me concerne était plus ou moins un mixte entre les deux, ce qui est particulièrement déroutant.
Voilà, cette liste était une sorte de thérapie pour moi, je me sens beaucoup mieux. Je n’ai jamais commis de fautes irréparables et pourtant j’ai failli. Alors, pour se remonter le moral parfois, le mieux c’est de penser à toutes ces erreurs qu’on n’a pas commises. Réfléchissez… Je suis persuadée qu’il vous est arrivé de vous dire « heureusement que … »
– Je n’ai pas Déménagé dans l’Est un jour. Ma pauvre Julie, vivement que tu rentres.
– Je ne suis pas restée dans le Nord non plus cela dit…
– Je n’ai pas adoré les maths. Je serais une toute autre personne.
– Je n’ai pas 6 gosses.
Vous comprenez donc que j’ai eu besoin de vous pour entendre ce qui devait être vraiment désolant.
Penser à ses erreurs est une activité plutôt difficile. On ne le fait jamais vraiment. Et l’autre soir, je voulais le faire ; j’ai eu besoin de vous. J’ai cru qu’en découvrant vos «erreurs », j’allais savoir auxquelles des miennes il fallait que je réfléchisse.
J’ignore ce que j’espérais trouver dans vos écrits, mais, je redoutais que vous me parliez d’amour. Evidemment, c’est ce que vous avez fait. Pas très sympa de votre part, j’ai évoqué la St Valentin il y a quinze jours. On va encore me prendre pour une fille ! Alors, c’est ça nos plus grosses erreurs ? Est-ce qu’on se trompe vraiment quand il s’agit du cœur ? Je n’en suis pas sûre parce qu’en amour, vous savez bien qu’on ne choisit pas. S’il n’y pas de décisions, il n’y a pas d’erreur. C’est indépendant de notre volonté. Alors, vraiment, je suis en train de réaliser que la rencontre d’une personne à aimer, que ce soit pour 5 minutes*, six mois ou quinze ans, n’est jamais une erreur. Ce sont juste des chapitres. Alors oui, quand on a mal et qu’on est encore dedans, on ne peut le saisir vraiment. Surtout si on n’est à l’étape 3 du chagrin d’amour : Lâche, PD, enfoiré, connard… vous vous souvenez ? Mais avec le temps, ça marche. Je crois qu’il ne faut pas être désolé lorsqu’une histoire d’amour s’arrête. Lorsqu’on est désolé, on transporte avec nous une part de regret. La vie est bien trop courte pour regretter quoi que ce soit. J’essaie de copier mes copines les plus optimistes. J’en ai quelques-unes comme ça et c’est un atout extraordinaire. Ces amies- là sourient. Tout le temps. Non pas qu’elles n’aient pas de galères, mais elles essaient de prendre les choses comme elles viennent. La vie est une succession de « faits » qu’il faut juste accepter. Du coup, leurs erreurs deviennent des forces. Elles sont cools mes copines hein ? Et heureusement que nous le sommes. Dans l’éducation de mes filles, j’essaie d’être exactement comme elles. Parce que devenir parent, c’est multiplier par 100 les possibilités d’erreurs commises.
Dès le début, on flippe de se tromper.
– « Ca fait deux heures qu’elle est au sein, je peux passer sur le deuxième là ? »
-« Le bain, c’est bien 46 degrés ? »
-« Si elle est constipée, c’est bien du riz que je lui donne ? ».
Euh, je fais semblant là. J’ai fait exprès d’inventer des questions fausses pour qu’Audrey me fasse un petit RIP. Rassurez-vous, je ne suis absolument pas du genre à laisser ma fille de trois ans assister à une réunion « Shopping Plaisir » avec Awena AuMoulinRose. Je ne lui ai pas demandé, mais je crois que ce n’est pas son nom de famille pour de vrai. Bref (j’ai toujours l’impression de plagier quand j’écris ce mot maintenant), on ne lui a pas du tout enfilé de costume de Bunny et elle n’a pas confondu les boules de geisha avec un personnage de Lilo et Stitch. Je préfère être claire à ce sujet. De toute façon, des témoins confirmeront. Rire avec ses enfants n’est JAMAIS une erreur. Faut s’en souvenir, c’est tout.
Et puis, nous aussi on a bouffé notre lot d’erreurs parentales. Attendez, on a été des gosses aussi. Mais je ne m’étendrai pas sur le sujet.
Arrive un moment où, quand même, il faut penser aux excuses. Parce que c’est politiquement correct, parce que ça aide les « victimes » à se remettre, mais surtout, parce que ça permet de faire des bilans. Une excuse, c’est toujours l’amorce d’une conversation sérieuse. Si on a besoin de dire « Je suis désolé », c’est qu’après il y a une chance d’argumentation. C’est pour cela qu’il est très difficile de s’excuser. Parce qu’on sait très bien qu’il va y avoir de la gêne. Du coup, je m’excuserai quand je serai adulte.
Par contre, il faudra que je trouve un petit guide de survie à l’usage des gens désolés. Vous avez une technique particulière vous pour présenter vos excuses ? Les cadeaux, les larmes, les mots, une présence…
Personnellement, je suis très mal à l’aise lorsque quelqu’un s’excuse auprès de moi. Alors, je préfère vous le dire tout de suite. Sachez-juste que je ne suis absolument pas quelqu’un de rancunier. Par conséquent, le seul fait que je vous ouvre à nouveau ma porte devrait suffire à vous faire comprendre que tout est oublié que ça va bien entre nous.
Pour ce qui est de cet article, je me suis vraiment demandée s’il était judicieux de le publier. Il est un peu brouillon, à l’image de mes pensées en ce moment. Et puis, je me suis dit que ce blog, c’était ça aussi. Une page où parfois, il n’y a pas de réponses. On est encore en train de les chercher. On écrit, on rature, on ré-écrit… On écrit nos pages, les belles et les moins belles. Mais aucune d’entre elles n’est une erreur, elle est juste une page de plus. Trompez-vous parfois. Ça rend modeste. Ca nous rappelle nos failles et elles sont là pour donner le change. Si je ne me trompais pas, je serais encore plus insupportable. Aujourd’hui je dédie ma page « A tous mes loupés, mes ratés, mes vrais soleils, tous les chemins qui me sont passés à côté ». Finalement, nos erreurs sont nos étendards. Voilà ce que j’ai fait, voilà ce que je suis aujourd’hui. « Si je devais recommencer ma vie, je ferais les mêmes erreurs… mais plus tôt »**.
*à partir de quand on peut considérer que je possède l’expression « 5 minutes » ?
**Groucho Marx