J’ai pris une décision politique majeure ce soir au sujet de mon couple. J’ai décrété que nous allions échanger nos côtés de lit. Dix ans de mes nuits à droite, il était temps que l’un et l’autre nous allions explorer l’autre pôle de notre univers, de comprendre ce qui se passait lorsqu’on se mettait à la place de l’autre. J’ai constaté en premier lieu qu’il avait le meilleur oreiller et qu’il était plus près de la salle de bain. Mais également plus près des filles, si jamais elles nous réveillent. Je n’en suis qu’au début de l’expérience, mais je suis sûre que l’on a beaucoup à y gagner. Il va juste falloir que je songe à changer également mes objets personnels de bord… Voilà, pour moi, la Politique de proximité est la seule que j’arrive véritablement à comprendre, parce qu’elle me parle, me concerne directement. Les décisions de partenariat amical ou professionnel, le choix des dépenses, les modes de rentrée d’argent, qui a le droit de pénétrer ou pas dans mon territoire, pourquoi privilégier tel mode d’éducation, comment promouvoir la culture et faut-il choisir la culture de mon groupe ? Comment favoriser les échanges et comment rendre heureux chaque membre de la société ?
Je peux donner mon avis sur toutes ces questions, mais seulement à propos de ma famille ou de mon cercle relationnel. Malheureusement je ne peux transposer ces réponses à l’échelle nationale. Il est tellement difficile de devenir responsable d’un tel nombre d’individus. Car, à mon sens, vouloir diriger un Pays, c’est décider de devenir un rassembleur au sens le plus poétique du terme. Un être suffisamment fort pour fédérer un groupe autour de mêmes idées ou pas d’ailleurs, mais que toutes ces idées contribuent au bien-être de chacun. Je ne sais pas, mais derrière tous les discours alambiqués que j’entends en ce moment à la radio, je ne parviens pas à percevoir cette envie de rassembler. Je crois qu’on en oublie l’essentiel. Ma vision des choses est certainement naïve, mais la politique manque cruellement d’humanité, c’est pour ça que j’y comprends rien. La politique, si je ne m’abuse, recouvre tout ce qui a trait au gouvernement d’une communauté. COMMUNAUTE ! C’est ni plus ni moins qu’une science que les Grecs en toge et en tongs (funs les grecs, vous vous souvenez, à la Saint Valentin, ils frappaient les filles avec des morceaux de chèvre ?) ont inventée pour trouver le régime idéal. Idéal pour qui ? Pour la fameuse communauté ; toi, moi, tes potes, ta sœur, ton cousin, ton patron, ton prof de karaté, ton équipe de foot, ta boulangère, la fille aux gros seins, les rouquins, ta copine cuir-moustache, l’Homme et surtout, tes enfants…
Moi, lorsque je suivais les cours d’éducation civique à l’école, j’ai appris des organigrammes, des noms de gens importants en costume, des durées de mandat… Mais jamais on ne m’a donné envie d’aimer mon Pays, jamais on ne m’a dit toute la solidarité mais néanmoins la force économique qu’avait besoin un pays pour fonctionner. On ne m’a jamais dit « Tu es française, nous sommes un peuple qui s’est battu pour ses droits, les humanistes, la révolution, la loi en faveur de l’avortement, l’abolition de la peine de mort ce sont des fondamentaux. Nous sommes aussi un pays riche. Nos paysages sont variés et nos climats agréables à vivre. Tu es de la même nationalité que Jean Jaurès, Pierre et Marie Curie, Mickael Vendetta ^^, Erik Orsenna et Simone Veil. Tu fais partie d’une communauté, sois en fière ! ». Tout le problème vient de là, il y a un manquement éducatif du citoyen. Tout ce qui est enseigné est bien trop théorique pour fabriquer un groupe. En 1989, pour le bicentenaire de la Révolution Française, j’étais en CE1. Notre horrible maîtresse, vague sosie de l’instit’ de Titeuf, nous avait fait danser sur « la Fête au Village », oui, la chanson des Musclés. Avec une jupe tricolore qui plus est !! Ouahh ! J’ai aimé mon pays ce jour-là, j’ai vraiment eu le sentiment d’appartenir à un groupe… Je ne défends en aucun cas leur système, mais j’aimerais qu’en France on ait envie de fêter le 14 juillet avec autant de ferveur que certains fêtent leur Independance Day !
J’ai essayé de réfléchir à quel personnage serait le meilleur rassembleur. A son époque Aimé Jacquet n’avait pas trop mal assuré. Mais même si, par principe, je n’irai jamais déjeuner au Fouquet’s quand je serai célèbre, je ne peux pas me résoudre à aller chez Flunch pour autant.
J’ai ensuite imaginé un genre de patriarche bienveillant, j’ai affiné ma réflexion assez vite parce que sinon je ne voyais que le Père-Noël. Donc bon, un patriarche bienveillant mais qui ne s’habille pas en rouge, parmi les dix candidats, y en a un qui pourrait endosser ce rôle. En plus, si tu l’écoutes bien ou même que un peu, il est pile au milieu. En plus, le milieu, ça donne envie d’y adhérer. Tu te dis que, dans le milieu, logiquement, ils savent qu’il y a du bon partout et qu’ils font un petit mix de ce qu’il y a de mieux à droite comme à gauche. Un parti du milieu, ça paraît confortable, ça inspire confiance.
Mais je me suis ravisée, j’ai essayé de trouver des gens qui avaient plus d’assurance, des gens dont l’opinion est si tranchée que ce qu’ils disent doit être vrai. Mais entre les rêveurs trop idéalistes et l’ersatz de Voldemort, je ne m’y suis retrouvée nulle part. Les gens trop excentrés me font peur. Même si certains ont des noms rigolos, des têtes sympas ou même les deux.
L’année dernière lorsqu’on croyait tous que Nicolas Hulot se présenterait j’ai crié haut et fort que je voterais pour lui si c’était le cas. Je venais d’installer un composteur dans mon jardin, je trouvais donc que ce serait faire preuve de cohérence. Mais, en y réfléchissant pour de vrai, je ne comprends pas pourquoi la question de l’écologie devrait être traitée par un parti précis. L’écologie ne devrait avoir aucun lien avec la politique. L’écologie devrait être une affaire de bon sens. Je suggère juste au futur président de taxer à mort les gens qui ont des poubelles gigantesques et de payer un Mac aux gens qui ont un composteur. J
J’ai épluché tous les flyers (sur papier pas recyclé) de chaque candidat. Cette année, pour la première fois, j’avais envie de ne prendre aucune décision à la légère. Je m’étais imaginée que dimanche 22 avril 2012, pour la première fois de ma vie, je glisserais dans l’urne le nom de LA personne que j’estimais capable de faire au mieux pour ma famille, mes amis, mes collègues, mes concitoyens plus ou moins proches… Etant assez consciente du duel qui nous attend le 6 mai, je me suis penchée en détail sur ces deux prospectus-là…
-J’ai longuement observé les visages des deux candidats. Je leur suggère de bosser avec Valé Morgan la prochaine fois, parce qu’elle, au moins, elle a photoshop et des idées novatrices. Là, je vais juste pouvoir utiliser leur photo pour préparer ma leçon de géographie sur les paysages en France. Oui, les enfants, en France, nous avons la mer ET la campagne (En Bretagne, on a même les deux). Je ne sais pas moi, ils pourraient poser sur des voies de chemin de fer en faisant l’équilibre, sur le tapis du salon un verre de rouge à la main, avec le maillot de Patrick Vervoort des Girondins, ou même dans une baignoire avec un long nez de Pinocchio. Ce serait plus drôle et plus honnête. *
– Les slogans, c’est bien. Ca résume. Je crois que parler de changement était une bonne idée. Le problème, c’est que promettre du changement, c’est bien, être capable de le mettre en place, c’est autre chose.
– J’ai aussi réalisé que les documents qui contenaient le plus de texte étaient ceux que je lisais le moins… Les textes qui promettaient le plus de choses étaient ceux qui me faisaient douter le plus. Ceux qui nous imposaient un maximum de « je » m’ont agacée. Tout cela ne m’a pas forcément aidé à choisir mon candidat, mais m’a donné quelques leçons en matière de style littéraire.
– Mais ce que j’ai surtout compris en lisant ces deux discours, c’est qu’il y avait un lieu commun ; défendre les valeurs de la République. Finalement, je me dis que peut-être qu’on finira, dans un cas comme dans l’autre, par se faire un barbecue avec un drapeau tricolore accroché à nos maisons à chaque 14 juillet…
Les amis, nous sommes Jeudi. Dimanche arrive à grands pas. Je ne sais pas ce que vous avez l’intention de voter, je sais que les lecteurs de « 5 minutes pour moi toute seule » ne sont pas uniformes et c’est tant mieux. Vous êtes un super panel représentatif de ce qu’est la France. Vous votez à droite, à gauche, pour Lady Gaga**, pour John Lennon et pour la reconnaissance du vote blanc.
Je suis quelqu’un de plutôt pacifiste et j’accepte les règles du jeu. Notre pays est une démocratie et j’accepterais le choix du Peuple. La France c’est nous, et c’est là, pendant les deux semaines à venir qu’il vous faut le crier ! Le fameux patriarche du milieu a dit « Plus aucun citoyen ne croit qu’il puisse aujourd’hui changer concrètement sa vie, sa propre vie, par son bulletin de vote. » C’est vrai qu’on n’a pas le sentiment qu’aller aux urnes puisse changer quoi que ce soit. Je suis en train de me dire que peu importe qui je vais choisir, ça ne changera rien. Mais c’est faux. Cet article ne s’est pas vraiment adressé aux gens déjà politiquement engagés, ceux-là iront voter et savent déjà quoi faire. Cet article était juste un petit réveil pour les indécis ; allez voter ! Parce que si vous n’y allez pas, vous perdez totalement votre droit de gueuler devant le JT ensuite. Etre citoyen n’est pas qu’un droit, c’est aussi un devoir. Alors, par pitié, ne devenez pas comme ces supporters de Foot qui, une bière à la main, hurlent aux joueurs de se bouger le cul, sans savoir de quoi ils parlent. Dimanche, enfilez vos crampons et rejoignez les isoloirs. « L’adulte ne croit pas au Père-Noël , il vote. » ***
*Mais ? Ces photos dont je parle, dans quels articles apparaissent-elles ?
** Je vote pour elle le 28 avril, place St Corentin à Quimper, à 17h. Vous aussi, non ?
***Pierre Desproges