Bis Repetita

Non ! On ne m’y reprendra plus. Cette fois, j’ai compris. Parce que, bon, ça va. Une fois, pas deux. Promis juré…

  • Je ne dirai plus de mal d’autrui devant des gens qui ont l’air d’accord avec moi. On ne sait jamais, ils peuvent retourner leur veste.
  • Je ne reverrai jamais cet abruti, connard et lâche qui m’avait brisé le coeur en 1999, même pour un soir, même pour me rassurer, même pour le traîter d’enc…
  • Je ne dirai plus de gros mots devant mes enfants, sérieusement, ça fait vraiment chier de les entendre gueuler des monstruosités.

Ces trois épreuves étaient d’une simplicité sans nom comparées à la suivante : 

  • Je ne mettrai plus jamais mon Iphone dans la poche arrière de mon froc. La gravité l’attirera toujours au fond des chiottes. c’est de la physique, c’est comme ça.

Oui, je ne retiens absolument pas les leçons du passé. J’aurais pu glisser ce putain de portable à 3000 boules dans une poche de devant. J’aurais pu ne pas du tout l’avoir dans ma poche. Bordel ! Pourquoi ai-je besoin d’être contactée même à ce moment-là ? Pourquoi mon téléphone est-il devenu une partie fragile de mon anatomie ? Du réveil au coucher, du Pipiroom à la cuisine, des câlins dans le canapé aux salles de classe…

A quel moment ai-je basculé ? Et surtout, pourquoi ? Ne suis-je que la lamentable victime du marketing ? Du regard de l’autre ? D’un manque totale d’autonomie ? De l’incapacité à me retrouver avec moi-même ?

Où sont ces longues heures, où j’étais absorbée par un roman ? Ces plages de solitude pendant lesquelles personne ne sait ni où je suis ni ce que je fais ? Où sont les gens que j’adorais observer lorsque j’attendais chez le toubib ou devant l’entrée du ciné ? Où sont les feuilles d’automne qui décorent mon paysage ? Où sont les miens ? Combien de temps est-ce-que je leur consacre ? Quelle est, aujourd’hui, la place de l’essentiel dans ma vie ?

Un calcul objectif s’impose…

Réveil : Encore allongée, un oeil dans l’oreiller, l’autre à moitié ouvert. Fil d’actu de tous mes réseaux (deux fois chacun) : 30 minutes.

Petit-déj : Lancer l’appli radio, la connecter avec la Bose©, rejeter un petit coup d’oeil sur twitter, histoire d’être sûre que, sur France Inter, ils donnent les mêmes infos : 10 minutes.

Douche : Déconnecter la radio de la Bose©, quitter le air-play pour balancer le son dans mon téléphone sinon, de la salle de bain, j’entends pas bien Charline Vanhoenacker : 2 minutes.

Trajet : Nombre de fois où je clique sur le bouton du bas, juste pour voir si j’ai une notif : 6 en 15 kilomètres. (Idem sur le retour) : 2 minutes (X 2)

Tout au long de la journée : Dix vérifications de mes trois boîtes mail, réponse aux SMS, prendre des photos, les filtrer pour les rendre plus belles, trouver la réponse à une question scientifique des élèves, montrer les photos du super mur que je viens de tapisser,  liker deux trois clichés sur Instagram, espionner hyper subtilement les gens que j’aime pas… Je pense que, tout cumulé, cela doit bien représenter une bonne heure.

Et le soir dans mon lit : Remonter les fils d’actu, lire les articles que j’ai repérés, publier une photo et suivre les commentaires en direct, améliorer mon score à tous ces petits jeux addictifs idiots : Une heure (ou deux si je suis en forme). Baiser comme des bêtes.

Je ne suis même pas persuadée de ma totale franchise et de l’objectivité réelle de mon calcul… Toujours est-il que je passe au moins cinq heures par jour à tripoter un appareil. 

Cinq heures ! 

Sur 24…

35 heures par semaine ! Et personne ne me paie pour ça en plus…

Mais Bordel ! Qu’est-ce que je fous ? 

Comment ai-je pu ne pas m’en apercevoir ? 

Au moment où je vous parle, mon écran de téléphone présente un dégradé de rouges. Rouge sang, le rouge de la colère et de la fin. Et rien d’autre. J’ai vaguement regardé les prix d’un renouvellement de mobile et payer aussi cher pour passer à côté de l’essentiel me freine un peu… 

La vérité, c’est que je suis une victime de l’époque dans laquelle je vis. Et cet I-suicide aura au moins eu le mérite de me mettre face à cette mauvaise utilisation de mon temps, de ma vie. Et si vous faisiez le calcul vous aussi ? 

Je vous laisse, je vais faire un devis pour des toilettes sèches.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

%d blogueurs aiment cette page :